Calcul de l’empreinte carbone des sites web par Greenoco : quelle méthodologie ?

Comment estimer l’empreinte carbone d’un site web ? Greenoco a développé un algorithme prenant en compte l’audience, le contenu des pages, l’hébergeur et l’énergie utilisée par le data-center.
Mais quelle est la méthode utilisée, et les différences avec les autres méthodes existantes ?

charte RSE startup

Une méthode centrée sur le service numérique

Des études et des méthodologies en cours de construction au niveau mondial

De nombreuses études ont été réalisées depuis quelques années sur l’impact environnemental du numérique. Réalisées sur des périmètres et avec des méthodologies différentes. 

L’une des difficultés rencontrées réside dans la multiplicité des matériels, réseaux, usages en jeux pour créer des méthodes de calcul et construire des référentiels de données fiables.

En effet, un service numérique nécessite des serveurs (data-center), des réseaux de télécom (fibre, adsl, antennes 3G/4G/5G, satellite), des appareils pour les utilisateurs (smartphones, ordinateurs, tablettes, objets connectés, box, tv, …), et une phase de développement/maintenance du service.

Des méthodes ACV existantes, avec des avantages et des inconvénients

Les méthodes utilisées au sein de certains outils existants (Eco-index par exemple) visent à estimer les impacts globaux dans le cadre d’une analyse de cycle de vie complète (ACV).
Ces méthodes cherchent à prendre en compte l’impact environnemental du matériel des utilisateurs, du réseau, et du service numérique.

L’impact de la construction du matériel étant prépondérant dans ces méthodologies de calcul, l’impact du service numérique en lui-même et de son niveau d’éco-conception est naturellement minoré.

De plus, ces outils ne permettent d’analyser qu’une page web, pour une audience donnée. Ils ne permettent pas d’analyser l’ensemble d’un site web en prenant en compte l’audience et le contenu  de chaque page.

Greenoco : une méthodologie centrée sur les émissions du service numérique

Issus du monde du développement de sites web, nous avons souhaité développer une méthode permettant aux développeurs d’analyser le niveau d’éco-conception de leur service numérique propre. Cette méthode permet d’estimer une empreinte environnementale du service en lui-même, de la comparer à l’état des pratiques du marché, et d’améliorer le niveau d’éco-conception via la soumission de recommandations chiffrées et priorisées.

La méthodologie de Greenoco vise donc à estimer l’empreinte environnementale du service numérique avec un degré de précision plus important, sans prise en compte des éléments ne dépendant pas du développement de l’outil, mais des usages des utilisateurs.

Les éléments pris en compte par la méthode

Variables prises en compte dans l’algorithme de Greenoco
  • Nombre de requêtes : nombre de requête serveur pour chaque page (chargement des fichiers HTML, CSS, JS, médias, font, scripts externes)
  • Bande passante : bande passante utilisée (en Ko) pour le chargement de l’ensemble des ressources de chaque page (HTML, CSS, JS, médias, font, scripts externes)
  • Audience de chacune des pages du site web : chaque URL est analysée, et le facteur multiplicateur de l’audience est pris en compte pour chaque page
  • Hébergeur et PUE : identification de l’hébergeur du site web, et prise en compte de son PUE (P   U   E   : définition Wiki) lorsqu’il est connu.
  • Pays de localisation du data-center et mix énergétique : prise en compte de l’intensité carbone de l’électricité dans le pays d’hébergement du data-center)

Le choix est pour l’instant fait de ne prendre en compte que la consommation électrique de l’utilisation du data-center, et l’empreinte carbone, afin d’utiliser un indicateur unique permettant les comparaisons.
Les externalités environnementales sont bien sûr plus nombreuses (utilisation d’eau, extraction de minerais et ressources, utilisation de produits toxiques, …), mais les données accessibles étant trop parcellaires à date, elles ne sont pas incluses à l’outil.

Algorithme utilisé par Greenoco

Sans préciser les variables utilisées, la méthodologie de calcul de Greenoco repose sur l’algorithme suivant : 

CEA = Somme des page [[(Nombre de requêtes x CR) + (Bande passante page en Mo x CB)] x Audience] x PUE 

Emissions de CO2 du site web (en g équivalent CO2) = CEA x ICE

CEA = Consommation électrique annuelle du site web (en kwh)
CR = Consommation électrique moyenne pour 1 requête sur un Data center (en kwh)
CB = Consommation électrique moyenne pour 1 Mo de données chargées (en kwh)
Audience = nombre de hits de la page sur une année
PUE = Si PUE propre à l’hébergeur inconnu, valeur de 1,7 utilisée par défaut
ICE = Intensité Carbone de l’Electricité du pays (en g.equivalent CO2/kwh)

Les éléments non pris en compte (pour l’instant …)
  • Utilisation du réseau de télécom : R&D en cours : l’objectif est de calculer la consommation électrique du réseau de télécom utilisé entre le Data center et les utilisateurs. Afin de réduire les besoins de calculs tout en réduisant le degré d’erreur, une  étude est en cours pour déterminer la meilleure méthodologie de calcul
  • Empreinte carbone du device utilisateur (construction et utilisation) : Etude en cours pour l’intégration à l’outil Greenoco, mais pas à l’algorithme d’éco-score du site.
  • Empreinte carbone de la construction et équipement du data-center : réflexion en cours sur la conception d’une base de données mondiale intégrant ces données, les données de PUE, de consommation électrique par requête et par Go de bande passante utilisée.
  • Impact du cache navigateur et serveur : projet de R&D en cours de conception.
  • Empreinte du back-office :  projet de R&D en cours de conception pour estimer cette empreinte selon les CMS et solutions techniques utilisées.
  • Bande passante des vidéos lancées manuellement : identification du sujet, réflexions sur  la collecte de données permettant d’intégrer ce critère
  • Téléchargement de fichiers : identification du sujet, réflexions sur  la collecte de données permettant d’intégrer ce critère

Comment est construite l’échelle d’éco-score ?

Comment décider de ce qui est éco-conçu, et ce qui ne l’est pas ?
Une vision théorique décorrélée de la réalité des usages ne nous semblait pas la plus pertinente.
De plus, à notre sens, une échelle d’éco-score se doit d’avoir un effet incitatif, et doit donc être atteignable pour encourager à la réduction de l’empreinte carbone du numérique.

Nous avons donc décidé de réaliser une première étude de l’état actuel du marché des sites web, en testant 400 sites web avec notre méthodologie, au premier trimestre 2022.
Pour chaque site, 3 pages ont été analysées (page accueil + 2 autres pages)

Le corpus de sites comporte des sites de différentes catégories : sites e-commerce, d’information, institutionnels, BtoB, sites vitrines, blogs … et d’audience variée : sites leaders mondiaux, sites français, sites à portée plus locale.
Les résultats ont été compilés afin de construire une échelle empirique, reflétant l’état actuel du marché. Le premier septième des sites les plus vertueux déterminent l’éco-score A, et le septième le moins vertueux l’éco-score G. Chaque niveau d’éco-score correspond à 1/7 des 400 sites analysés. 

échelle éco-score site web greenoco

Pour un data-center utilisant de l’énergie basée sur le mix énergétique en France métropolitaine : l’éco-score A correspond à des émissions inférieures à 0,30 g de CO2/page vue, et l’éco-score G à plus de 2 g de CO2/page vue.

Les limites de la méthode

Comme indiqué en préambule, il n’existe actuellement aucune méthode et base de données, et aucun outil, permettant à date d’avoir une mesure exacte et exhaustive de l’impact environnemental d’un service numérique. 

L’objectif de Greenoco est de proposer une méthodologie utilisable par tout éditeur / développeur, de façon à estimer de la façon la plus précise possible le niveau d’éco-conception du service numérique. Elle ne nécessite ainsi aucune installation de script ou de code sur le service numérique, et aucune installation sur le serveur. Mais elle ne saurait également être exhaustive.

Cependant, la prise en compte des principales variables en jeu nous semble permettre une approche fine du niveau d’éco-conception.

Est-ce une analyse en ACV ?

Non. 

Nous n’utilisons volontairement pas ce type de méthode dans la définition de l’éco-score Greenoco. Les données et les méthodes nécessaires à l’intégration de toutes les externalités n’étant actuellement pas fiables, nous nous concentrons sur la consommation électrique du service.

Nous travaillons en revanche à la mise en place d’indicateurs estimatifs complémentaires permettant d’intégrer une analyse ACV globale par site web. Et suivons les travaux de recherche gouvernementaux et européens pouvant mettre en place une méthodologie complète sur ce sujet.

Alors que cela vaut-il réellement ?

Un constructeur automobile n’intègre pas le coût environnemental de la construction des routes et ponts, de l’extraction / raffinage / distribution du carburant, ou de la fin de vie/recyclage du véhicule dans le calcul de l’empreinte carbone au km.
La comparaison environnementale entre véhicule est donc faite sur les émissions de CO2/km en cours de vie. 

Nous nous basons sur le même modèle.

Quelles différences avec Eco-index ?

Un même objectif

Greenoco comme Eco-index visent à estimer l’empreinte environnementale d’un site web, et à proposer des pistes pour la réduire.
Nos objectifs sont communs, réduire la pollution liée aux activités numériques.

Une méthodologie différente

Nous n’analysons pas les mêmes variables, n’appliquons pas le même algorithme, et n’avons pas la même finalité.

Eco-index vise à estimer l’empreinte environnementale d’une page web pour 1 vue, sur la base d’hypothèses d’analyse de cycle de vie.

Des fonctionnalités différentes

Eco-index apporte une vision globale et synthétique d’une analyse d’une seule page.

Greenoco génère une analyse globale au niveau du site web, en intégrant l’analyse multipages, en prenant en compte l’audience de chaque page, et en  proposant des optimisations précises pour réduire l’empreinte carbone du site.

Des modèles économiques et outils différents

Greenoco est basé sur un modèle de plateforme Saas, permettant de réaliser des audits de façon automatisée. Elle est principalement dédiée aux professionnels du domaine numérique.

Elle permet des gains de temps important dans l’audit et l’analyse des pages web, et l’identification d’optimisations précises.

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C’est gratuit, et vous pourrez découvrir les fonctionnalités et avantages de la plateforme.