La pollution numérique : quels impacts ?

Quand on parle de pollution numérique on imagine souvent la multitude de serveurs qui nécessite de l’énergie, pas toujours verte, pour rester fonctionnels. Mais la pollution numérique a aussi des impacts insoupçonnés. L’on pense moins à la pollution engendrée par la publication de nos posts sur les réseaux sociaux, la pollution liée à l’extraction de métaux pour créer nos objets connectés et toujours tendre vers davantage de technologies. Et les conditions sociales dans tout ça ? Le recyclage de nos objets connectés ? Autant de questions qui méritent des réponses afin d’optimiser notre usage d’internet et plus largement, des technologies.

La pollution numérique définition

La pollution numérique est générée directement, et indirectement, par l’usage quotidien de tous nos objets connectés et les services proposés : ordinateur de travail et personnel, téléphone portable, montre connectée, plateforme de streaming (comme Netflix, par exemple), site internet, réseaux sociaux, etc.
En effet, nos objets connectés et numériques du quotidien sont énergivores, de la fabrication, à l’utilisation jusqu’à la fin de vie, et donc, du recyclage quand cela est possible.
Bien que nos appareils ne rejettent pas de pollution visible, les impacts de la pollution numérique sont pourtant bien réels et colossaux.
Un e-mail avec une pièce jointe par exemple, consomme l’équivalent d’une ampoule basse consommation allumée pendant une heure selon l’ADEME. Or, en 2016, c’est 2672 milliards de mails qui ont été envoyés dans le monde.
Selon le rapport de Greenspector paru le 21 octobre 2021, le fil d’actualité de TikTok consomme 1,8 fois plus d’énergie que Youtube. Toujours selon ce rapport, un utilisateur de réseaux sociaux sur téléphone engendrerait 102 kg d’équivalent CO2. Soit l’équivalent de 914 km parcouru par un véhicule léger en France.

Or, pour répondre aux besoins des utilisateurs à n’importe quelle heure de la journée aux quatre coins du globe, il faut compter sur les datacenter (infrastructures composées d’ordinateurs, de serveurs et de gigantesques disques durs). Ces derniers sont branchés et alimentés en permanence. Par ailleurs, ils ont besoin d’être refroidis. Ce qui a pour conséquence, une consommation d’électricité faramineuse.

De fait, il s’agit d’un enjeu environnemental majeur de notre époque puisque Internet consomme 16 % de l’électricité mondiale. Le secteur du numérique représente 4 % des émissions mondiales, c’est 1,5 fois plus que le secteur aérien selon The Shift project.
Enfin, pour mieux se représenter les choses, si le web était un pays, il serait le 3ème plus gros émetteur de CO2 après les États-Unis et la Chine.

Outre ses besoins en énergie considérables, le secteur du numérique pollue même à sa création : lors des extractions de métaux nécessaires à la fabrication de nouveaux objets.

Extraction de métaux et impact social et environnemental

Quel que soit le matériau convoité, le résultat est souvent sans appel : des écosystèmes pollués, entraînant la mort de dizaines de milliers d’êtres humains et non-humains.
Une catastrophe écologique et sociale.

Nous allons voir dans cette partie le détail du coût humain engendré par l’activité minière. Dans un deuxième temps, nous allons détailler l’impact écologique : suite aux extractions de minerais et à l’assemblage.
Aujourd’hui il est commun de parler d’une “guerre” des métaux rares, car, comme son nom l’indique, ces métaux se trouvent difficilement et se font de plus en plus rares.

Alors, quel est l’impact de l’extraction de ces ressources sur l’environnement et les écosystèmes ?

Impact social

Aujourd’hui, on retrouve des minerais rares en Amérique du Sud, sur le continent Africain, mais aussi et principalement en Chine, là où l’extraction des métaux se pratique majoritairement.
En effet, les réglementations environnementales sont plus souples qu’en Occident. D’autre part, les années 80 y ont vu naître des réglementations de protection environnementale strictes. Ainsi, les activités minières et de raffinage, qui sont des activités polluantes, ont été délocalisées dans des pays prêts à sacrifier environnement et biodiversité pour mettre la main sur une partie de ces richesses.

L’implantation de gisements miniers près d’agglomérations est peu souvent soumise à l’avis des populations locales. De fait, quand elles ne perdent pas leurs terres, les communautés doivent renoncer à leurs activités économiques telles que l’agriculture. En cause, la pollution des cours d’eau, voire la raréfaction de l’eau.
En effet, l’activité d’extraction de métaux rares contribue à polluer durablement les cours d’eau par le déversement de produits toxiques dans les sols.
Les eaux souillées s’infiltrent dans les sols, polluent les rivières et forment parfois des lacs.
La pollution de l’air et de l’eau entraîne une multiplication des maladies respiratoires, cutanées et cancéreuses.
Guillaume Pitron, auteur de La guerre des métaux rares a enquêté plus de 6 ans sur ce commerce et explique qu’autour de ces mines “des riverains habitent par milliers dans ce que l’on appelle des “villages du cancer” car les gens meurent les uns après les autres.”

Également, outre la pollution des sols, l’opération de raffinage peut engendrer des poussières métalliques chargées de radioactivité. Les employés, des hommes pour la grande majorité, travaillent plusieurs heures par jour, sans protection adéquate. Enfin, le taux de cancer des habitants vivant non loin des mines à ciel ouvert est plus élevé qu’ailleurs.

L’impact sur les humains est accablant. Il laisse paraître de manière évidente l’impact environnemental associé. Qu’en est-il exactement ?

Impact environnemental

Lorsque vous possédez enfin votre appareil, vous avez le produit fini entre vos mains bien sûr. Mais, savez-vous tout le chemin parcouru pour en arriver là ?
Prenons une illustration avec le smartphone.
Entre la conception, l’extraction des matériaux à réunir au même endroit pour l’assemblage et enfin la commercialisation aux divers endroits du globe : une fois entre vos mains, un téléphone a fait environ 4 fois le tour du monde.
Tout comme il faut des matériaux rares pour fabriquer un smartphone, comme le lithium, de l’or ou du métal, les besoins pour tous les objets connectés et datacenter sont les mêmes, dans des quantités différentes.
Ainsi, il est aisé d’imaginer l’impact environnemental de la fabrication de ces derniers.

D’autre part, les métaux, avant de faire plusieurs fois le tour du globe, lors de leur extraction, génèrent une pollution des sols non négligeables. En plus d’être parfois réalisé dans des conditions de travail exécrables, comme nous l’avons expliqué plus haut.

Guillaume Pitron, détaille dans son livre le procédé et les conséquences de cette industrie.
En effet, la technique la plus utilisée pour récupérer les métaux consiste à rendre le sol en surface vierge de tous les végétaux afin de creuser des galeries jusqu’aux minerais.
Il est évident que cette première partie du travail est un désastre en termes de biodiversité.
Ensuite, des substances chimiques et autres acides sont utilisés pour séparer les éléments dans chaque pelletée. Ceux-ci sont déversés et s’infiltrent dans les sols, dans les nappes phréatiques jusque dans les cours d’eau.

Par ailleurs, Olivier Vidal, chercheur au CNRS explique également la pression que nous mettons sur nos ressources en mettant en avant l’épuisement de ces métaux rares. En effet, le rythme de production actuel tend vers un épuisement d’une quinzaine de métaux de base et de métaux rares à l’horizon 2060.
Pourtant, la demande et la production ne cessent d’augmenter.

Nous l’avons vu, la création puis l’utilisation de chacun de ces objets est énergivore. Mais la problématique des déchets émis en fin de vie est plus importante encore.

Recyclage des objets

De par l’obsolescence programmée et l’avancement technologique de plus en plus rapide, nos objets doivent sans cesse se renouveler pour suivre les nouveautés. De fait, les appareils défectueux ou dépassés sont remplacés par de nouveaux et les anciens sont recyclés à hauteur de 5 % seulement. Pour ne pas être dépassés technologiquement, les objets connectés sont vite remplacés.

Ainsi chaque année, environ 50 millions de tonnes de déchets électroniques toxiques qui accumulent partout autour du globe.

Outre les déchets, c’est aussi le recyclage des métaux eux-mêmes qui fait défaut. En effet, selon Guillaume Pitron, recycler ces métaux coûte plus cher aux industriels que d’aller chercher les métaux et minerais directement dans les mines.
Bien que quelques-uns soient récupérés, une quantité astronomique est abandonnée et termine dans des décharges à ciel ouvert.

À Delhi par exemple, il y aurait chaque jour environ 8.000 téléphones, 5.000 télévisions et 3.000 ordinateurs démontés, parfois encore en état de marche, quasi neufs, pour en récupérer les composants.

Pour le moment, le recyclage n’est pas encore à son plus haut niveau d’efficacité.

Conclusion

Bien que l’usage de la technologie et d’internet soit devenu essentiel dans notre vie moderne occidentale, il est par ailleurs nécessaire de nuancer et d’adopter un regard attentif à notre (sur)consommation. N’est-il pas possible de limiter notre consommation et le rythme de renouvellement des appareils ? Et de réduire l’impact environnemental et les émissions carbone de ces technologies ? Bien sûr que si. Greenoco peut en partie vous aider à réduire l’empreinte carbone de votre site web.
N’hésitez pas à nous contacter pour franchir le premier pas !

Sources :
https://information.tv5monde.com
https://mrmondialisation.org/le-cout-ecologique-dinternet-est-astronomique/
https://www.francetvinfo.fr
http://www.slate.fr/
Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares.