Combien coûte la compensation carbone ?
Pour comprendre la suite, il est nécessaire d’identifier des unités de mesure. Ici, il s’agira des “crédits carbone”. Une unité de mesure créée dans le cadre du protocole de Kyoto en 1997.
Le protocole de Kyoto contraint les pays signataires à limiter les émissions de gaz à effet de serre, six précisément ainsi que le dioxyde de carbone. Le marché des crédits carbone est aussi appelé “quotas de CO2” et ils sont ensuite transformés en monnaie.
Enfin, un crédit carbone est égal à une tonne de Co2. C’est donc, toujours la tonne de Co2 qui est achetée.
Pour avoir quelques chiffres en tête, voici un exemple de prix à deux dates différentes pour se rendre compte de l’évolution croissante des prix :
- 19 dec 2013 : 1,90 €
- 21 janvier 2019 : 24 €
- 3 décembre 2021 : 80 €
Un quota maximum d’émissions Co2 doit être respecté par chaque pays en Europe. De fait, en 2020 on arrivait au chiffre de 450 millions de tonnes pour la France (en 1990, ce chiffre s’élevait à 564 millions). Afin de trouver un équilibre dans ces émissions, un système d’achat et de vente de crédits carbone a été mis en place.
- Si un pays émet davantage que le quota autorisé : il devra acheter d’autres quotas à un pays qui a dépensé moins ;
- Ces dits pays peuvent donc vendre les quotas qu’ils possèdent “en trop”.
De fait, on comprend la logique et l’intérêt de dépenser le moins de quotas possibles ! Et pour effectuer cela, il faut également pouvoir quantifier ses émissions.
Quantifier ses émissions et les compenser : est-ce possible ?
On abordait brièvement la problématique de la quantification des différentes émissions carbones, qu’elles soient d’origine anthropique ou non dans un article précédent.
Puisqu’il s’agit de comprendre si la compensation carbone est une bonne ou une mauvaise idée, nous allons voir cela plus en détail maintenant.
- la temporalité : dans un premier temps, les arbres plantés aujourd’hui, dans le cadre de projet de reforestation par exemple , vont mettre plusieurs années, voire des dizaines d’années pour certains pour absorber les émissions de Co2. Or, le Co2 envoyé dans l’atmosphère a une durée de demi-vie d’environ 100 ans. De là, on commence en effet à apercevoir un premier problème ;
- trouver une équivalence : établir un lien et une logique fiable entre une tonne de CO2 émise par les énergies fossiles et une tonne de CO2 emmagasinée (évitée donc) par un projet de reforestation est complexe.
Dans cette équivalence, on ne prend pas en compte les autres impacts liés aux énergies fossiles à savoir l’extraction en elle-même, les pollutions des sols, des mers, etc. Ou encore les impacts sociaux ; - la capture réelle du CO2 par les arbres est insuffisante : nous l’avons déjà vu, outre les arbres, l’océan et les récifs coralliens jouent également un rôle dans l’absorption du CO2. Cela a pour conséquence une acidification du fait du surplus de CO2.
Puisque nous parlons de projet de reforestation, gardons cet exemple : Sur la période 2008-2017, il est estimé que moins d’un tiers des émissions anthropiques est absorbé par les écosystèmes forestiers. De fait, cela semble bien insuffisant en termes de stratégie ; - enfin, les projets sont-ils tous éthiques et vertueux ?
De fait, ces limites conceptuelles exposées nous permettent de comprendre que compenser ses émissions “juste” en plantant des arbres apparaît comme une solution insuffisante.
Le risque de Greenwashing dans la compensation carbone
De plus en plus d’entreprises affichent ouvertement leurs engagements. Compensation carbone, neutralité. Et notamment grâce à l’achat des fameux crédits carbone dont on parlait plus haut.
Les entreprises
En effet, comme l’indique le dernier rapport de CCFD Terre Solidaire “compenser n’est pas réduire”. En effet, la solution de compensation cache malheureusement un souhait de ne pas modifier la stratégie de l’entreprise en termes de rejet. De plus “face à des émissions aux effets certains, la compensation offre une politique de neutralisation aux effets, eux, tout à fait incertains”.
La compensation forestière fait figure de pensée magique : elle est le symbole de l’action climatique. Pourtant, certains projets forestiers ne mettent en place que des monocultures : une catastrophe en termes de biodiversité : 45% des promesses internationales de plantations sont en monoculture.
Par ailleurs, des millions d’hectares seraient nécessaires pour assurer une réelle compensation carbone. Or, selon certaines études, il faudrait planter d’arbres 7 fois la surface émergée de la terre avec des arbres afin de rétablir l’équilibre du carbone … Compliqué.
Conclusion
La compensation carbone reste une action climatique à mettre en œuvre.
Ces contributions financières permettent de protéger, restaurer ou compléter des milieux naturels dégradés ou en danger.
Mais les émissions les plus simples à compenser restent les émissions que l’on ne produit pas, grâce à des stratégies d’évitement.
A ce titre, Greenoco permet de mesurer et réduire les émissions carbone des sites web, grâce à un outil automatisé identifiant les optimisations les plus importantes à réaliser. La pollution numérique représente en 2020 déjà 6% des émissions de CO2 dans le monde, en évolution de 8% par an, et représentent déjà le double des émissions provoquées par le trafic aérien.
Vous souhaitez faire un premier test ? Utilisez notre outil de mesure de l’empreinte carbone d’une page web.
Alizée M.