Quels sont les sites d’information en ligne les plus écologiques ?
En moyenne, les français passent 3% de leur temps passé sur internet à consulter des sites d’information, soit un peu plus de 2H par mois et par personne. Cela semble peu, mais à l’échelle de la France, cela correspond à plus de 45 milliards de pages vues par an ! Et en termes d’émissions carbone et de consommation électrique, à quoi cela nous mène-t-il ? Et quelles sont les solutions pour réduire cet impact ?
Les émissions carbone d’internet : quel impact ?
Si vous nous suivez déjà, vous savez certainement que l’usage d’internet représente entre 10 et 15 % des consommations d’électricité au niveau mondial, et autour de 6% des émissions de carbone mondiales (c’est deux fois plus que l’aviation …). En effet, l’électricité utilisée pour alimenter les serveurs et l’infrastructure d’internet est émettrice de carbone, et notre navigation n’est donc pas neutre.
Si des efforts sont réalisés par les constructeurs de matériels et les hébergeurs pour réduire cette consommation électrique, pour des raisons également économiques, le bilan carbone d’internet ne sera malheureusement pas neutre.
Pourtant il est également possible d’agir sur un autre levier : optimiser et réduire le volume de données nécessaires à l’affichage d’une page web. Car moins une page est gourmande en ressources, moins elle sollicite les serveurs et l’infrastructure de transport de l’information, et moins elle consomme d’énergie. C’est l’objet de la solution développée par Greenoco.
Mais comment savoir quelle est l’empreinte carbone de ma navigation ?
Les sites d’information en ligne, quel bilan environnemental comparé à celui des journaux papier ?
La consultation d’une page web est responsable de l’émission de 0,1 à 10 grammes de CO2, en fonction des ressources chargées et de l’optimisation de la page. Oui vous avez bien lu, nous avons un écart possible de 1 à 100.
“La version en ligne est plus éco-responsable que d’imprimer du papier”, nous l’avons tous entendu ou pensé. Alors prenons un peu la calculatrice.
Nous avons réalisé en mars 2022 une mesure sur les 10 sites d’information les plus consultés en France en 2021, afin de connaître leur impact carbone.
Pour que l’étude soit la plus objective possible, nous avons audité la page d’accueil (avec une pondération de 25%), une page de catégorie d’article (25%), et la moyenne de deux pages d’articles (50% de pondération). Les données d’audiences publiques de ces sites ont été utilisées pour calculer les émissions globales annuelles.
Et heureusement nous n’avons trouvé aucun site au-dessus de 1g de CO2 en moyenne par page vue !
Mais les écarts vont de 1 à 7 tout de même, entre 0,1 et 0,7g de CO2/page vue.
Comparativement à la version papier d’un journal, présentant un bilan CO2 estimé à 200 g, nous en sommes loin. Pour que la version papier soit plus écologique, il faut qu’au moins 300 articles aient été lus par exemplaires. Cela peut être le cas dans des lieux publics (bibliothèques, cafés) où le journal passe de mains en mains. Mais si vous êtes le seul à lire le journal, l’abonnement à la version numérique sera souvent plus écologique.
Le classement des sites d’information les plus eco-responsables
Suite à cette étude, nous avons dressé un classement des 9 sites d’information les plus consultés en France, en estimant les émissions de CO2 globales du journal sur une année, et les émissions moyennes par pages vues.
Ne vous y trompez pas, ces journaux d’information ne cherchent pas à polluer, ils cherchent comme tout le monde à limiter leurs émissions. La consommation électrique et l’hébergement leur coûtant de toute façon cher, ils n’ont aucun intérêt à ne pas chercher à maîtriser ces consommations.
Mais en fonction des optimisations réalisées, certains sont plus efficients que d’autres.
Le gagnant de notre étude est donc le journal “ouest-france.fr”, avec en moyenne 0,15 g de CO2 par page vue, alors que le moins éco-responsable est “lequipe.fr”, avec 0,66 g.
Mais au total, à la vue de leur audience, ces 9 sites d’information les plus consultés de France sont responsables de l’émission de plus de 9.000 tonnes de CO2/an, soit l’équivalent de 70 millions de Km en voiture citadine à essence.
Position | Site web | Emissions moyenne par page vue | Emission annuelle du site |
1 | ouest-france.fr | 0,15 g | 448 Tonnes |
2 | bfmtv.com | 0,17 g | 387 Tonnes |
3 | lemonde.fr | 0,28 g | 1 042 Tonnes |
4 | lefigaro.fr | 0,30 g | 1 042 Tonnes |
5 | actu.fr | 0,30 g | 358 Tonnes |
6 | femmeactuelle.fr | 0,31 g | 614 Tonnes |
7 | 20minutes.fr | 0,42 g | 830 Tonnes |
8 | leparisien.fr | 0,62 g | 938 Tonnes |
9 | lequipe.fr | 0,66 g | 3 256 tonnes |
Quel potentiel d’amélioration ?
Alors comment réduire la pollution numérique des sites d’information ?
Un extrême serait d’arrêter totalement de les consulter, et de ne plus accéder à l’information. Ne souhaitant à personne de vivre dans un régime dictatorial ou la presse et l’information n’aurait que si peu de valeur, ce n’est heureusement pas une possibilité que nous souhaitons voir se réaliser.
En revanche, il est possible d’optimiser les volumes de données transférées pour afficher les pages, et ainsi réduire la consommation électrique. Nos mesures ont révélé des potentiels d’optimisation compris entre 20 et 60 % des émissions selon les sites. Non négligeable donc, car même avec une optimisation de 20% en moyenne, l’économie d’émission de CO2 serait de près de 2000 T/an, soit les émissions totales annuelles moyennes de plus de 200 français.
Comment ? Nous avons identifié 3 pistes au gré de notre étude et de nos mesures :
1/ Améliorer l’optimisation des images et médias des sites.
Les images sont une ressource qui pèsent lourd et ont donc un impact important sur le bilan carbone des sites web. Certains sites présentent des images dans des formats ou des résolutions non optimisées, et pourraient ainsi être réduites de 10 à 50 % selon les sites. Optimiser les images de votre site web est un point important. En effet, une image compressée et réduite à la bonne taille, aura un effet positif sur votre site web.
L’utilisation généralisée de format modernes tels que le webp ou le avif permettraient de surcroît des économies de CO2 importantes, de l’ordre de 1000 tonnes équivalent CO2 par an pour ces 9 journaux en ligne (ou 8 millions de km en voiture essence).
2/ Optimiser le code source de certains sites
Certains des sites de l’étude utilisent des typographies (des “fonts”) dans des formats anciens, qui si ils étaient remplacés par leur version plus moderne permettrait facilement d’éviter 50 tonnes d’équivalent carbone d’émissions (l’équivalent de 400.000 km en voiture/an).
Des portions de code non compressées ou non minifiées, si elles l’étaient, permettraient une économie au moins aussi importante chaque année.
3/ Privilégier des abonnements payants en contrepartie de la suppression des publicités et liens vers des publications externes
Les ressources externes de certains de ces sites sont importantes. Il s’agit par exemple de publicités externes (bannières publicitaires) ou de blocs de liens vers des ressources externes telles que d’autres sites d’information (les liens vers les plateformes de type outbrain par exemple). Intégrées aux sites car faisant partie du modèle économique nécessaire, celles-ci pourraient être supprimées (ou réduites) dans le cadre d’abonnements payants.
Cela entraîne une modification de modèle économique, et tous les lecteurs ne sont pas prêts à payer pour l’information, mais ce pourrait être une piste de réflexion pour réduire l’empreinte carbone du numérique.