On peut, de façon légitime, se poser la question du bilan carbone des crytpomonnaies car lorsque l’on s’intéresse de près au sujet, nous sommes rapidement en capacité de comprendre que cette monnaie virtuelle, quoique sécurisée et affranchie des systèmes classiques comme les banques, n’en n’est pas moins peu éco-friendly. Entre impact carbone généré par la demande exponentielle constante d’énergie, souvent fossile, et impact environnemental sur la faune et la flore, sans oublier l’impact humain, la question de la légitimité de ces monnaies numériques est à reconsidérer à l’heure des rapports du GIEC de plus en plus alarmants. Cependant, n’existe-t-il pas des alternatives pour rendre la monnaie virtuelle plus écologique ?
Impact Co2 des cryptomonnaies
Comprendre la cryptomonnaie et l’impact Co2 est une problématique nécessaire est obligatoire lorsque l’on parle de ce sujet. Le bilan est multiple car comme avec le cas de l’empreinte carbone des Data centers, l’impact est d’une part invisible de prime abord. Et d’autre part, a de nombreuses facettes : impact carbone avec toutes les émissions rejetées. En cause, les énergies dont dépendent les ordinateurs et les systèmes de refroidissement pour fonctionner. Beaucoup d’entre elles sont en effet issues des énergies fossiles comme le charbon. Impact environnemental direct sur la faune et la flore lors des extractions de matériaux mais invisible aux yeux des pays consommateurs des dernières technologies informatiques. Posséder un smartphone ne nous indique pas la manière dont il a été créé et toutes les conséquences écologiques derrière cet objet. Puis, on ne peut pas omettre non plus de penser à l’impact social de la construction de ces objets. Le travail d’extraction est dangereux et difficile. Et parfois, dans des pays en développement, dans des conditions d’exercice et de rémunération éloignées de nos standards occidentaux.
Alors en ce qui concerne l’impact carbone direct des crytpomonnaies, qu’est-ce que cela donne ?
D’après l’étude Bitcoin’s growing e-waste problem une transaction sur cette blockchain générerait 270 grammes de déchets. Selon une autre étude de l’université de Cambridge, le Bitcoin consomme plus de 100 TWh d’énergie par an en moyenne. En 2021, ce chiffre est plus élevé. On le verra par la suite. Une consommation qui se situe derrière la consommation d’un pays comme les Pays-Bas et… devant les Philippines ou la Finlande.
Comment parvient-on à ces données ?
Le minage : grand consommateur d’énergie
Une majorité des cryptomonnaies sont créées grâce au minage. Cela consiste à valider un ensemble de transactions de données (blockchain) en échange d’une récompense : souvent de la monnaie virtuelle. Cette validation se fait en résolvant des calculs à l’aide d’ordinateurs très puissants et spécifiques au cryptage. C’est le rôle des mineurs.
Aussi, le minage requiert le travail de plusieurs mineurs différents pour valider la chaîne de blocs. Ce qui multiplie, de fait, la consommation d’électricité. Plus il y a de bitcoins, plus le processus est fastidieux et demande davantage de travail aux mineurs.
Lorsque l’on considère l’entièreté du processus de création et d’échange du bitcoin, il s’avère que la production d’une unité (un token) utilise la même quantité d’énergie que 779 transactions bancaires via des systèmes de banques classiques.
Enfin, en ce qui concerne le bitcoin toujours, il a consommé 143 TWh en 2021. Pour se donner une équivalence, la Norvège consomme 124 TWh.
Seulement, l’impact carbone n’est pas le seul impact environnemental à prendre en compte dans le calcul.
Extraction des minéraux et matériaux
L’impact environnemental de l’extraction des matériaux n’est pas négligeable lorsque l’on veut prendre en compte l’impact global des monnaies virtuelles. En effet, il nous faut avoir une idée, ne serait-ce qu’approximative, un ordre de grandeur de la pollution en termes d’émissions carbones. Mais pour créer de la crypto monnaie, il nous faut des objets numériques. Plus exactement des ordinateurs très puissants.
Et pour les créer, il faut commencer par avoir les matériaux nécessaires.
Guillaume Pitron, dans son livre La guerre des métaux rares , explique en détail les méthodes d’extraction et les conséquences environnementales. La technique la plus régulièrement employée est la suivante : il faut “nettoyer” le sol en surface afin de le rendre vierge de toutes formes de vie : végétaux, animaux, etc. Ainsi, il est plus aisé de creuser des galeries vers les minerais. Pour séparer les éléments de chaque pelletée, on utilise des substances chimiques qui seront ensuite déversées et engendreront une pollution des sols et des nappes phréatiques. Entraînant par là-même, une détérioration de la qualité de l’eau : pour les êtres humains et l’ensemble de la faune et de la flore.
De plus, Olivier Vidal, chercheur au CNRS, indique qu’au rythme actuel d’extraction, l’épuisement d’une quinzaine de métaux de base et de métaux rares est envisageable à l’horizon 2060.
A contrario, la demande, elle, ne cesse d’augmenter.
Tous ces aspects, nous les avons d’ailleurs déjà détaillés dans un article sur les impacts insoupçonnés de la pollution numérique.
Impact social
L’extraction minière est sujette à des réglementations environnementales. Et à ce titre, cette activité est relativement inexistante en Europe et plus largement en Occident. Ainsi, ces activités sont délocalisées vers des pays peu enclins à refuser l’exploitation de leurs sols.
De facto : l’implantation d’une mine ne relève quasiment jamais de l’avis de la population locale. Ainsi, ces dernières sont affectées directement par une pollution des sols, de l’air et de l’eau. Les activités économiques sont en déclin du fait de la raréfaction de l’eau et de sa qualité devenue médiocre.
En outre, la pollution de l’air peut entraîner une augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies respiratoires, cutanées ou cancéreuses.
Toujours dans La guerre des métaux rares, Guillaume Pitron, après six années d’enquête, nous livre son retour d’expérience auprès des habitants : “des riverains habitent par milliers dans ce que l’on appelle des “villages du cancer” car les gens meurent les uns après les autres.” Comme nous l’avons dit, la pollution de l’air et de l’eau contribue à ce fléau. Mais on peut aussi retrouver des poussières métalliques chargées en radioactivité. Ainsi, le taux de cancer des habitants vivants proches de ces mines est plus élevé.
Impact environnemental des cryptomonnaies
Les principaux pays en termes de minage de cryptomonnaie proposent une électricité à faible coût mais très polluante en termes d’émissions carbone. C’est le cas pour la Russie et les Etats-Unis notamment avec 59% de leur électricité qui provient des énergies fossiles.
Les mineurs s’installent donc dans ces pays pour cette raison mais aussi pour une autre… Le climat !
En effet, comme toutes installations électriques, elles produisent de la chaleur. On en parlait déjà dans notre article concernant l’impact carbone des Data Centers. De fait, afin de limiter les coûts et éviter un investissement trop important dans un système de refroidissement, le climat froid est choisi comme moyen réfrigérant naturel.
Mais, et nous l’avons vu dans cet article et dans la définition des cryptomonaies, celles-ci sont génératrices de Co2 et participent durablement au dérèglement climatique.
Même si elles n’ont pas d’impact direct sur le climat froid au moment présent, elles en auront un en raison des quantités de carbone colossales rejetées.
Enfin, d’après une étude (https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0921344921005103?via%3Dihub ) publiée en décembre 2021, les déchets électroniques en lien direct avec le bitcoin serait de l’ordre de 30 700 tonnes chaque année. Autant que la quantité de déchets d’équipements électroniques du Pays-Bas.
En outre, en mars 2022, une transaction Bitcoin nécessite 2200kWh. Pour mieux se représenter ce chiffre, il s’agit du double de la quantité d’énergie consommée par un foyer américain en un mois.
Face à ces chiffres colossaux et énergivores, plusieurs approches ont été étudiées.
Des cryptomonnaies plus vertes ?
On vient de le voir, la création de la cryptomonnaie en elle-même n’est pas ce qu’il y a de mieux en termes de préservation environnementale. Cela demande une grande consommation de matériel informatique et l’énergie nécessaire est colossale. Surtout quand cette énergie n’est pas verte. Le Crypto Climate Accord prévoit d’alimenter toutes les cryptomonnaies par des énergies renouvelables. Cependant, cela semble assez ambitieux quand on sait qu’il y a de plus en plus de demandes, et parfois dans des zones où la pression exercée sur les infrastructures n’est pas prévue. De fait, certains experts estiment donc que la compensation carbone serait une option plus envisageable. (https://trustmyscience.com/cryptomonnaies-seront-elles-un-jour-plus-vertes/ )
Pour ce qui est de savoir si la compensation carbone est une bonne ou une mauvaise idée, on en parle dans un autre article dédié.
Conclusion
L’empreinte carbone et l’impact environnemental et humain des monnaies virtuelles sont à prendre en compte dans le futur de nos sociétés. Si l’on veut atteindre la sobriété numérique, il nous faut repenser nos modes de consommation, à la fois d’objets mais d’internet également.
Aujourd’hui la cryptomonnaie c’est :
- 143 TWh en 2021 ;
- la production d’une unité (un token) est équivalente à 779 transactions bancaires ;
- les déchets électroniques en lien direct avec le bitcoin serait de l’ordre de 30 700 tonnes ;
- la pollution environnementale liée à l’extraction des matériaux nécessaires à la production des ordinateurs pour le cryptage des blockchain entraîne une pollution des sols, de l’eau et de l’air catastrophique.
Alors comment permettre aux technologies blockchain et aux crypto monnaies de continuer à être utilisées, sans pour autant mettre en péril l’avenir environnemental de la planète ? En utilisant ces technologies lorsqu’elles sont nécessaires seulement, en réduisant les besoins d’énergie et de matériaux des algorithmes, et peut-être en imaginant des mécanismes complémentaires.
Certaines cryptomonnaies compensent leurs émissions carbone par des jetons créés lors de projets de réduction carbone. Et si Greenoco émettait des Tokens de tonne équivalent CO2 évitée pour chaque tonne évitée grâce à notre technologie ? Pour créer une cryptomonnaie plus verte, moins consommatrice en ressources, et neutre en carbone ?
En attendant, nous continuons à décarboner le web, pour un avenir numérique plus respectueux de l’environnement en mesurant et réduisant l’empreinte carbone des sites web. N’hésitez pas à nous contacter pour entamer votre démarche !